mardi 4 janvier 2022

Comment l'Age d'Or islamique a été perdu

Comment l'âge d'or islamique a été perdu

Publié en version originale anglaise le 18 juin 2017,
 
Ahmed Lobal, professeur à Keio Academy of New York.
 

 
Commençant au 7ème siècle, un groupe religieux a émergé de la pénincsule arabique pour envahir la moitié du monde connu et créer une civilisation mondiale. La montée et l'expansion de l'Islam a impulsé une révolution scientifique et intellectuelle remarquable.
 
Les scientifiques musulmans ont excellé et ont fait une avancée significative en mathématiques, médecine, astronomie, optique, et chimie. Cette période devint connue sous le nom d'Age d'Or de l'Islam.
 
Les musulmans, alors et maintenant, voient les accomplissements de leur civilisation comme une preuve de supériorité, de droiture et de providence divine. Contrastant avec leur passé rose et depuis la chute du caligat, en 1915, les musulmans ont enduré beaucoup de souffrances ; premièrement à travers le colonialisme européen et ensuite des différents conflits par procuration et dernièrement les conflits sectaires internes et le terrorisme. Ce qui suit est un résumé de comment le monde musulman a perdu une formidable culture scientifique et a stagné.

A y regarder de plus près, l'Age d'Or apparaît avoir eu une courte vie et que les musulmans ont perdu leur culture éclairée bien avant de perdre leur prédominance militaire. Pour quantifier cette tendance, j'ai affiché le nombre de scientifiques accomplis connus, dans les champs de la physique et des sciences de la vie, pour chaque siècle. La ressource primaire pour ces données est l'Isaac Asimov's Biographical Encyclopedia of Science & Technology. Le graphique résultant ci-dessous trace le progrès de la science du quatrième siècle avant JC à l'année 1900.

 
Le graphique place l'Age d'Or dans sa propre perspective historique. Il montre clairement son formidable essor et son décevant déclin précoce. Ce déclin a commencé bien avant la renaissance européenne et les mouvements réformateurs et a précédé la destruction mongole de Bagdad de quatre siècles. 
 
Ce déclin précoce a coïncidé avec la montée d'une école de pensée traditionaliste (les acharites) aux dépends d'une école de pensée rationaliste (les mutazilites). Tandis que la majorité des scientifiques et penseurs stars de l'Age d'Or étaient des croyants de l'école de pensée rationaliste, aujourd'hui l'influence des traditionalistes va incontestée. Les deux écoles différaient sur de nombreux sujets, parmi lesquels la prédestination, le libre arbitre, et le degré d'interprétation figurée ou littérale des testes religieux.
 
Les traditionalistes défendaient la croyance en un Dieu qui est extrêmement personnel et actif. Un Dieu qui prédéterminait le destin de tout et continue encore à agir sur le cours des événements. Ils ont sapé plus avant le progrès de la science en démolissant la relation fondamentale entre cause et effet. Ils ont souligné que c'est Dieu qui est la cause de tout tandis que "cause et effet" est une vague séquence accidentelle d'événements que Dieu peut choisir de suspendre comme il le souhaite.

Le péril de cette manière de penser ne peut pas être minoré. Cela diminue la valeur de la connaissance des lois naturelles et de la nature de la réalité. De plus, les scientifiques du cerveau ont identifié des réseaux neuronaux séparés en compétition pour la pensée analytique et spirituelle. Ces réseaux peuvent être observés devenir actifs ou supprimés quand engagés dans le contexte adéquat mais jamais actifs simultanément. L'adhésion fidèle à la vue traditionaliste signifie naturellement une suppression plus fréquente du réseau neuronal analytique en faveur du réseau neuronal spirituel.

Un facteur qui a facilité le déplacement rationaliste-traditionaliste est la canonisation tardive de la tradition des hadiths, les dires et les actes allégués du prophète Mohammed. En tant que tradition orale, ils ont continué à se développer avec le temps sur plus de deux siècles par ceux qui cherchaient à justifier leurs vues religieuses. L'effort pour codifier ces traditions, donc lui donner une autorité religieuse, a coïncidé chronologiquement avec le début du déclin de l'Age d'Or à la fin du 9ème siècle. Ces collections de hadiths canonisés ont massivement soutenu les vues traditionalistes.

Consistants avec ces vues, les vieux textes des âges moyens montrent clairement qu'il est désapprouvé d'attribuer les phénomènes physiques, tels que la pluie ou les éclipses solaires, à des causes naturelles. Plutôt, ils insistent sur le fait que ces phénomènes devraient seulement être attribués au pouvoir de Dieu et faillir à faire cela contredit et diminue le degré de foi d'une personne.

Le physicien Richard Feynman a dit une fois : "Je pense qu'il est bien plus intéressant de vivre sans savoir que d'avoir des réponses qui peuvent être fausses.". Malheureusement, les gens de toutes religions et cultures, cherchent à bannir les incertitudes et les doutes en amendant les textes religieux avec des vues qui se sont révélées fausses.

Pour les musulmans, la foi en de nombreuses superstitions et traditions hadithiques discrédités par la Sciences les ont empêchés de faire des avancées nouvelles dans les sciences de la vie et physiques. Le soleil disparaissant sous le trône de Dieu après le coucher du soleil, la chaleur extrême sur Terre est causé par Dieu ouvrant une fenêtre sur le feu de l'enfer, ou que Dieu cherche à effrayer les gens par les éclipses solaires sont quelques exemples de ces croyances.

Ceci ne doit pas être compris comme suggérant un conflit fondamental entre la science et la religion. Beaucoup de croyants, comme Ibn Al-Haytham (Alhazen) et Isaac Newton, ont fait de grande contributions à l'avancement de la science. Ce qui sape l'investigation scientifique est la nature spécifique de la croyance qui dans ce cas affaiblit le sentiment de l'auto-agencement et affirme que seule la supplication peut changer le destin prédéterminé.

Malheureusement, les vues de l'école de pensée traditionaliste sont toujours profondément enracinées parmi la majorité des musulmans d'aujourd'hui. Dans beaucoup de recoins du monde musulman, le soutien et l'intérêt dans la Science dépend seulement de son potentiel à montrer la grandeur et la gloire de Dieu tout en s'assurant que cela ne contredit pas les vues religieuses en vigueur ou les interprétations.

Dans le monde hautement dynamique et compétitif d'aujourd'hui, la grandeur passée n'assurera pas la grandeur future. Pour les musulmans, devenir grand à nouveau ne peut passer que par la compréhension de comment, avec une avance de 600 ans, leurs ancêtres ont perdu une course scientifique à une époque de dominance incontestée sur la scène mondiale.