lundi 11 avril 2016

Les deux définitions de la laïcité

Historiquement, la laïcité a deux définitions.

1 La neutralité de l'État face aux religions.

"La séparation des églises et de l'État. L'État ne s'en occupe pas, ne les finance pas, et chacun fait comme il le souhaite tant que la religion ne se mêle pas de politique en essayant d'entrer dans les institutions. Par exemple en formant un parti politique religieux.

2 Confiner l'expression religieuse au privé.

Cette définition est plus restrictive que la première. Ici, dans l'espace public, la religion ne doit pas être visible. Interdiction des signes ostentatoires : voile, burqua récemment, mais on pourrait aussi dire croix chrétienne sur un T-shirt, quoique là, ce soit plutôt un accessoire de mode sans signification confessionnelle réelle.

Pourquoi cela ? Henri IV en 1598 signe l'édit de Nantes qui proclame la tolérance religieuse entre catholiques et protestants. Cette trêve tiendra jusqu'à ce que Louis XIV l'abolisse avec l'édit de Fontainebleau en 1785 où les violences ont repris.
Nous avons appris dans nos sociétés multiconfessionnelles que lorsqu'une religion se mêle de politique, elle est exclusiviste, elle veut dominer sans partage. Et si elle se retient, c'est parce les circonstances ne le lui permettent pas. C'est tout le problème quand la foi n'écoute plus la raison.

Pour éviter les conflits, il faut un socle commun sur lequel tout le monde se retrouve, et ce socle ne peut pas être religieux car chaque religion est une totalité. Mais l'instinct de groupe, l'instinct grégaire, prend en compte des facteurs qui ne peuvent être décidés raisonnablement et avec lesquels il faut composer : l'apparence vestimentaire : les cadres sont tous en costume-cravate et les femmes en tailleurs... L'apparence corporelle, la langue et ses accents. Les idées, les univers mentaux.

Ce que l'on gagne d'un côté, on le perd de l'autre : on se sent bien dans un groupe en adoptant ses codes, mais ce faisant, nous nous séparons des autres groupes. La xénophobie, étymologiquement la peur de ce qui est différent, est un instinct naturel produit par l'évolution. Composer avec afin de le dépasser demande un effort, et quand les différences sont trop importantes, un nombre croissant de personnes ne peuvent plus le soutenir et la pression pousse soit à fuir, soit à combattre, ou se figer en attendant que ça passe, des réactions animales qui ressortent en somme.

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