mardi 31 janvier 2017

La méthode d'apprentissage Forme-Intuition, Intuition-Forme : une mini-révolution

Cette méthode fonctionne, je l'ai encore vu ce soir avec un élève qui étudiait un cours sur les vecteurs, les repères et les coordonnées. Son père assistait au cours particulier en observateur comme je l'avais suggéré afin qu'il voie comment son fils travaille et peut-être l'aider quand je ne suis pas là. Il a vu son fils comprendre le cours en identifiant une idée à partir de la forme, ici un paragraphe. Puis il a caché le paragraphe et a essayé de le reformuler à partir de ses impression, c'est l'étape intuition-Forme.

Au début c'est flou donc il doit s'aider en regardant puis en cachant. Mais au bout de 2 ou 3 fois il arrive à générer la forme correspondant à l'intuition avec l'énoncé de base caché. A ce moment-là il a vraiment compris. Pour le deuxième paragraphe, il a même inventé une rédaction plus claire que le cours. Quand on paragraphe est trop compliqué, on le traite phrase par phrase.

Quand une phrase est trop compliquée, on identifie le concept qui pose problème et on le traite également, généralement c'est son contenu intuitif qui est flou car l'élève ne l'a pas bien compris dans les cours ou les années précédentes. Je suis donc là pour identifier les intuitions et les formes dont il a besoin, notamment avec des exemples qui lui permettront de voir les régularités et de passer au niveau intuitif et formel supérieur. Une fois que j'ai écrit et expliqué. Il se sert de ce que j'ai écrit et fait FIIF (Forme-Intuition, Intuition-Forme) autant de fois que nécessaire.

Le cycle Forme-Intuition, Intuition-Forme a l'air d'être un cercle seulement quand on le regarde de dessus. En fait c'est une spirale ascendante car les intuitions se relient naturellement à toutes celles qui sont déjà dans son cerveau. Ces liens créent des intuitions de niveau hiérarchique supérieur, c'est à dire qu'elles permettent de manipuler un plus grand nombre de concepts sous-jacents. Par exemple a+b=c généralise toutes les additions entre deux nombres, ouvrant la voie au calcul littéral, aux principes de la résolution d'équations.

Un concept est l'alliance d'une forme et d'une intuition, le théorème de Pythagore ou la dérivée en Maths par exemple. L'intuition du théorème de Pythagore est que le triangle rectangle a un secret qui lie les longueurs de ses trois côtés puisqu'en dessinant les deux premiers, on connaît le troisième, la forme est la formule. L'intuition de la dérivée est que c'est la pente d'une courbe en un point, la forme est par exemple la limite d'une corde, on rapproche les deux points de la courbe et la droite passant par ces deux points devient une tangente dont la pente est ce qui est recherché, cest la définition, les formules de dérivation en découlent. Les formules aussi ont un contenu intuitif de rang inférieur dans la hiérarchie, contenus eux-mêmes liés à une forme.

Contrairement au par-coeur qui est une forme figée un bloc de glace contenant des molécules d'eau que sont les concepts par des liens figés. L'intuition fluidifie, multiplie les liens et les formes possibles, comme l'eau à l'état liquide. On peut rapprocher deux concepts, donc deux intuitions-formes et en déduire un concept nouveau.

L'étape Intuition-Forme est l'étape créative. J'en discutais avec le père après le cours. Les bénéfices vont bien au-delà de l'apprentissage scolaire. Cette méthode rend plus créatif, stimule la mémoire car à partir d'un ressenti on se connecte à la forme qui est liée, aujourd'hui par exemple j'ai retrouvé dans ma mémoire le nom de quelques personnages de la série Scrubs que je pensais avoir oubliés.

La méthode rend plus confiant dans ses capacités car elle fonctionne, elle exerce à penser, à créer, à progresser. Ses deux défauts sont qu'il n'y a pas de raccourcis, elle demande de l'énergie, la compréhension véritable est à ce prix. Et elle est gourmande en papier puisque l'écrit augmente la capacité cognitive, c'est à dire la capacité à faire des liens car on a une mémoire externe parfaite qui contient instantanément plusieurs éléments. L'intuition étant la compréhension instantanée des choses, le support visuel est particulièrement indiqué. "Une image vaut mille mots".

En 10 ans de cours particuliers, j'ai remarqué que les visuels, c'est à dire ceux qui visualisent mentalement ce qu'ils pensent, ont un avantage certain : ils sont plus rapides, font plus vite les liens et mettent plus rapidement en forme leur intuition. Les visuels prodiges qui ont une mémoire visuelle très nette comme Jacques Attali qui expliquait dans une interview qu'en dirigeant un orchestre il voyait les partitions dans sa tête, ces visuels ont un support mental quasi-parfait, et donc sont capagles d'aller bien plus vite dans leur tête qu'à l'écrit dans le monde matériel. Ils ont une réalité virtuelle à disposition.

Je me souviens d'un élève, Benjamin, très doué et visuel qui voulait prendre des cours pour être encore meilleur. Il m'avait expliqué que lors d'un cours d'histoire il visualisait la situation décrite par le prof et une fois qu'il avait tous les éléments en tête, il n'écoutait plus, il avait compris, il avait son film personnel dans la tête. Pour des personnes comme elles, le lien Forme-Intuitionet Intuition-Forme, dans les deux sens, donc, ce lien se fait très facilement et ils sont donc bien plus doués que la moyenne, pour peu qu'ils aient une bonne méthode de travail.

Cet élève m'a redémontré visuellement ce que le mathématicien Gauss avait trouvé pour faire la somme de tous les nombres de 1 à 100. Il voyait les nombres comme des colonnes de taille correspondant à la valeur. Il a vu un triangle. Il l'a doublé dans sa tête et l'a encastré comme dans tétris au premier, ce qui a fait un rectangle d'aire deux fois la somme, c'est à dire 100x101, il a divisé par deux et il a trouvé le résultat. Pour être honnête, il s'était trompé sur la valeur de l'aire, mais l'intuiton était là ! Il fallait juste la mettre en forme. Impressionnant, je n'avais jamais vu un élève redémontrer Gauss de cette manière. La supériorité du visuel en Maths est hallucinante. Mais ce n'est pas grave, avec l'écrit on peut rattraper un peu son retard. Et à force de reformuler ses intuitions par écrit, on finit par devenir visuel à son tour.

J'avais une autre élève qui faisait de la peinture depuis petite, elle était devenue visuelle en le faisant. Et cela n'a rien d'étonnant, pour peindre on regarde un paysage, puis on ne le regarde plus quand on peint, donc il faut peindre ce dont on se souvient. Le cerveau ayant horreur de se fatiguer pour rien. Il finit par associer les intuitions avec les images de plus en plus complexes et nous devenons visuels mentalement. Plus on commence tôt, plus c'est facile de cabler le cerveau correctement afin qu'il fasse les liens intuitons-formes dans les deux sens effort. Moi je vois bien que j'ai besoin de me concentrer beaucoup, que mon cerveau fonctionne enfin efficacement, mais il n'a pas l'habitude. Cela viendra avec le temps et la pratique surtout. Je commence déjà à visualiser de manièr floue les partitions de musique que je relie à mon intuition mélodique. Frère Jaques et le début d'un morceau de Titanic. Idem, je regarde un morceau de partition qui correspond à un début de mélodie, je la cache et j'essaye de la reproduire par écrit. Comme le cerveau est fénéant, il finit par me donner l'image mentale pour que je n'aie pas à la réécrire.

Par exemple je vois d'un seul tenant, de manière floue encore, les trois premières notes de Frère Jacques sur la portée, c'est beaucoup plus rapide que de se rappeler de chaque note, je suis passé à un niveau hiérarchique supérieur et il me faut réfléchir pour identifier chaque note comme étant do4 ré4 mi4, le do4 est au milieu de la portée. Peut-être qu'à terme je verrai les portées entières comme Jacques Attali. Les intuitions relient les éléments, et comme elles sont la compréhension immédiate des choses, mon cerveau me fera visualiser de plus en plus nettement ces intuitions de niveau hiérarchique de plus en plus élevé, c'est à dire visualiser des groupes de notes de plus en plus importants. Cela dit il y aura certainement une limite comme en lecture où on ne lit que par groupes de mots et pas par phrase ou paragraphes entier, sauf Balzac qui était un lecteur prodige.

Cela dit il était un écrivain très prolifique, donc peut-être que de mettre en mots ses intuitions toute la journée l'a fait accéder à un niveau intuitif et formel tel qu'il identifiait directement les intuitions des paragrahes entiers. Donc en écrivant comme je le fais, je devrais progressivement lire plus vite aussi puisqu'en écrivant, je mets en forme des intuitions et qu'avec la pratique, ces intuitions seront de plus en plus élaborées, donc plus complexes, nécessitant non plus une phrase mais un paragraphe, voire plusieurs paragraphes pour être développées. En retour, je ne lirai plus par groupes de mots mais par phrases, voire groupes de phrases. Dans un de ses romans autobiographique, Lambert quelque chose, Balzac exprime ce qui se passait dans sa tête quand il lisait : il visualisait un tourbillon d'images à partir des textes. Un visuel prodige qui a travaillé son don en écrivant et lisant, donc en faisant FIIF.

En fait, je pense que l'explication de la lecture rapide est aussi que l'on lit essentiellement des choses que l'on connaît déjà. Balzac lisait très vite des romans, sujet qu'il connaissait bien, donc son cerveau a augmenté son niveau hiérarchique sur ces sujets : psychologie des personnages, types d'intrigues : amoureuses, haineuses, les noms des personnages principaux, l'époque, etc... Son niveau hiérarchique, donc de généralités, d'abstraction, faisait que son cerveau pouvait reconstituer très vite le cadre général dont le roman est un cas particulier. Un peu comme 2+4=6 est un cadre particulier de a+b=c. Il est plus facile de lire rapidement la première formule quand on connait la structure générale formalisée par la deuxième. Je pense qu'il en est de même pour Balzac. Son système d'inférence est plus complexe, avec plus de niveaux dans la hiérarchie qu'un lecteur moyen. J'avais une amie qui lisait beaucoup de Bit-Lit. Elle finissait par les dévorer à une vitesse folle aussi. Mais si je l'avais mise en face d'un texte scientifique par exemple, sa vitesse de lecture aurait été plus lente car sa compréhension aurait été plus lente. c'est à le degré de complexité de ses intuitions aurait été moindre.

On peut ainsi comprendre comment on peut en arriver à écrire des livres entiers. Ils correspondent simplement à un niveau intuitif et formel très haut dans la hiérarchie. Ecrire le livre permet même d'arriver à ce niveau. FIIF est la méthode qui nous fait créer des niveaux supplémentaires dans la hiérarchie, vers le haut ou vers le bas d'ailleurs. Ce qui fait qu'on a beaucoup plus à écrire, comme je le fais maintenant. Plus on écrit plus la pensée devient complexe, pour peur qu'on essaye de repérer les lois, les motifs, les régularité, tant à l'intérieur des éléments que l'on manipule, qu'à l'extérieur. Liens intuitifs internes et externes, liens que l'on formalise en écrivant ou en trouvant des images comme le bloc de glace et l'eau liquide ou l'idée de la spirale ascendante, ou l'image des triangles pour Benjamin.

A un certain niveau de complexité, il est plus facile pour le cerveau de penser par images, car l'image contient instantanément une grande quantité d'information et sont donc la forme idéale des intuitions complexes. Les Maths sont ainsi très visuels par nécessité. Dans l'image du bloc de glace et de l'eau liquide, Les molécules d'eau sont les concepts, les liens rigides sont la forme et les liens souples sont l'intuition. On a aussi l'image du réseau pour le cerveau et ses liens conceptuels. Dieu par exemple est l'image du concept de pouvoir absolu. C'est pourquoi les civilisations ont tant de mal à s'en passer. d'une certaine manière, il représente la forme d'une intuition très élevée dans la hiérarchie des concepts, il est donc très utile pour penser. Et tout ce qui est utile à penser sans trop d'efforts est gardé dans les civilisations car cela leur offre un avantage comparatif, cela les rend plus puissantes.

Mathilde est une autre de mes élèves, elle a été diagnostiquée comme ayant un trouble de l'attention. Mais en fait elle est juste très intelligente, c'est à dire qu'elle fait beaucoup de liens et comme elle est visuelle (ce qui est cohérent d'après ce que j'ai expliqué plus haut), elle part dans ses rêves. La méthode FIIF permet de canaliser ces liens. C'est une de mes élèves les plus douées et une fois que les liens sont canalisés dans la forme qu'elle réinvente, elle fait des liens, donc connecte avec d'autres intuitions visuelles très éloignées très vite. Elle relie un nombre impressionnant d'informations, de concepts (combinaison d'intuition et de forme) très vite et en grande quantité. Je lui prédis un brilliant avenir si elle continue à s'entraîner avec la méthode car elle aura la rigueur qui lui manque.

Imaginez la petite révolution chez les élèves du monde si ils avaient accès à cette méthode (la forme) et au principe sous-jacent (l'intuition qui leur permettra de la développer en eux en la personnalisant). Les très bons seraient encore meilleurs et les les moins bons seraient vraiment aidés à retrouver le chemin d'une vie épanouïe. Elle aide déjà mes élèves. Je suis confiant, le bouche-à-oreille fonctionnera. Une invention qui donne autant de pouvoir ne peut que se diffuser.

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